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Parmi les outils de spéculation les plus populaires et les plus dangereux sont les Contrats à terme (en Français) ou Futures (en Anglais) et les Produits Dérivés (en Français) ou Dérivatives (en Anglais). Ce sont pourtant des outils financiers parfaitement utiles à l’origine.
Les Futures – ou contrats à terme - sont des contrats passés sur un événement futur. Ils sont nés chez les Egyptiens, ont pris leur essor chez les Grecs, se sont développés aux Moyen Age et ont prospéré ensuite. Le principe est très simple : dans certains métiers ou sur certains marchés économiques, il est impossible de prévoir quel sera le prix de la denrée (blé) ou de la matière première (gaz naturel) ou du métal (cuivre) au moment où ils seront placés sur ces marchés.
Un agriculteur doit semer des graines, les faire pousser, les récolter, et seulement ensuite les vendre. Entretemps il doit nourrir sa famille, payer les graines qu’il achète, l’essence du tracteur, etc. C’est pour cela que lui ou sa coopérative vont sur le marché à terme vendre pour dans 6 mois le blé qui n’a pas encore poussé. Interviennent alors plusieurs agents de marché et notamment les spéculateurs – au sens premier du terme et non dans son sens défavorable – qui injectent des liquidités dans le marché. En clair, les spéculateurs vont acheter des contrats pour une valeur de 100 en espérant qu’ils vaudront 120 dans 6 mois. D’autres spéculateurs vont vendre à terme les contrats de 100 qu’ils ne possèdent pas encore mais qu’ils s’engagent à acheter avant l’échéance de 6 mois.
Pour l’instant tout va bien. Il y a une logique humaine, une logique économique et une logique financière.
D’ailleurs ce marché à terme est non seulement celui du blé, mais aussi celui de presque toutes les céréales, du sucre, du pétrole, des minéraux, etc. C’est le marché des Commodities qui se traite sur le Globex (marché international fonctionnant 24 heures sur 24) et à Chicago (CME, Chicago Mercantile Exchange), Paris, New York et en Australie notamment.
Pour le pétrole, le principe est le même : entre le forage, le pompage, le transport, le raffinage et la distribution il s'écoule un certain temps et il faut financer les investissements par des ventes à terme.
Ce qui va moins bien c’est lorsque le marché joue sur des Futures qui n’ont pas ou peu de sens. Par exemple il existe un marché de Futures très actif à la Bourse New York (New York Stock Exchange) qui consiste à acheter des contrats fondés sur les cours d’ouverture de la Bourse. Les investisseurs vont donc jouer à deviner quelle sera la valeur de l’indice boursier Dow Jones à l’ouverture du marché, 9h30 heure de New York, indice fondé sur les 30 plus grosses sociétés cotées. Ils vont jouer 12 heures avant l’ouverture, ou 6 heures avant, mais aussi 3 heures avant ou même une demi-heure avant l’ouverture.
L’utilité ?
Si quelqu’un a une idée précise qu’il s’exprime ou se taise à jamais…
Le risque?
Considérable.
Il suffit en effet qu’une nouvelle (financière, économique, sociale ou politique) de dernière minute intervienne (une nouvelle positive ou négative ou mal interprétée par les acteurs du marché) pour que des dizaines de millions de dollars brûlent en quelques secondes.
L’autre risque majeur ce sont les Dérivatives, ou Produits Dérivés. Ils sont de la même nature que les Futures, mais décomplexés. C’est-à-dire qu’ils s’affranchissent de l’excuse d’avoir un rôle économique utile, ils sont tout simplement des produits de spéculation. Techniquement, il s’agit de contrats dont le prix n’est pas celui d’une chose (au sens juridique français) comme un objet, mille voitures, une cargaison de matières premières ou des containers de marchandises.
Il s’agit de contrats dont les valeurs s’appuient sur des valeurs de choses existantes [ou pas]. Mais ces valeurs des choses sont projetées sur le futur. Ces contrats ont donc une valeur propre, distincte la valeur de la chose elle-même. Ils ont la valeur supposée – ou pariée – que la chose aura dans 3 jours ou 6 mois. Comme les Futures, mais à un second degré. Ce sont des contrats sur des contrats. On ne varie pas sur la variation supposée du prix, mais sur la variation de la variation.
Cela se corse quand l’objet des dérivatives sont des instruments financiers eux-mêmes portant une certaine part de risque (actions, obligations, etc.), ou des indices financiers (agrégats de valeurs au montant variable et qui sont donc par définition hyper-volatiles) ou encore les monnaies ou devises. Dans ce cas, les monnaies-devises déjà très volatiles sont rendues exponentiellement encore plus volatiles.
C’est comme coupler un oscilloscope à un stroboscope. Déjà qu’on a du mal à suivre les mouvements du premier, si l’on multiplie les oscillations de l’un par celles l’autre on obtient un mouvement littéralement frénétique,
Certains objecteront que ce n’est pas beau. D’autres diront que c’est formidable de faire de l’argent à partir de rien. Tous ont probablement un peu raison. Mais le problème est ailleurs : le sens commun et l’épreuve des faits nous montrent qu’il est difficile de bâtir des châteaux sur du sable et de les faire durer longtemps.
Les Dérivatives sont des paris. Tout simplement. Des paris sur des valeurs réelles et leurs fluctuations supposées ou des paris sur des paris. Ou des paris sur des paris sur des paris. C’est-à-dire que l’on ne se contente plus de jouer à la roulette, on parie sur l’heure à laquelle le croupier va bailler ou la serveuse apporter des rafraichissements ou le montant que les joueurs vont perdre entre 23h et minuit.
Cela peut sembler ahurissant ; ça l’est. Et ça dure depuis 50 ans avec des accélérations subites comme la fameuse spéculation sur le sucre (Dérivatives [les contrats] entendues comme part de Futures [le sucre à terme]) qui a donné le film Le Sucre il y a quelques décennies qui faisait référence à la spéculation sur le sucre dans les marchés à terme. La Bourse de Commerce de Paris avait failli sauter. Des milliers d’épargnant se sont trouvés ruinés.
Tous les récents scandales financiers se soldant par des pertes énormes de grandes banques européennes, américaines ou asiatiques sont fondés de très près et de pas bien loin sur les Dérivatives, leurs risques inhérents, et le fait qu’à force de jouer à la roulette russe on en perd la tête.
Pour corser le tout et ajouter à l’épaisseur du brouillard et à la confusion, techniquement les Futures sont une forme de Dérivatives et les Dérivatives sont une forme de Futures. Au milieu de cette bouillabaisse financière flottent les swaps et les options
Au départ tous ces instruments ont une fonction économique. Les Futures pour les marchés à terme en général, et les Dérivatives pour certains marchés à terme comme celui du riz ou pour entretenir la fluidité des marchés financiers (un terme poli pour parler d’hyper-spéculation).
Les swaps sont utilisés dans la finance internationale et le commerce international lorsqu’on se couvre à terme par des opérations immédiates d’échanges de financements futurs à taux garantis.
Avec les options on achète le droit de vendre [put] ou on achète le droit d’acheter [call] un instrument financier (généralement une action de Bourse, mais pas limitativement) à un moment prédéterminé dans le futur.
Mais là encore, la spéculation a transformé ces instruments légitimes en instruments de recherche frénétique de profit pour le profit.
Le problème n’est d’ailleurs même pas là, car après tout la recherche effrénée du profit est un problème de morale qui échappait jusqu’ici à l’économie et à la finance.
Ce n’est plus le cas désormais, car ce ne sont les plus profits qui sont en cause, mais les gigantesques pertes générées par les mouvements erratiques de ces Futures et Dérivatives. L’amplitude et le montant des ces swings ont un effet de balancier proprement terrifiant pour les millions de gens qui, du fait de ces spéculations, perdent leur emploi, leurs économies, leurs logement ou tout cela à la fois. Ces victimes ne sont pas les spéculateurs eux-mêmes, mais les employés des banques qui essuient des pertes, des sociétés qui ne trouvant plus de financement pour leurs opérations courantes ou qui font faillite du fait de l’absence quasi-totale de liquidité du marché financier (obligations, crédits classiques) qui rend très difficile voire impossibles les prêts aux petites et moyennes entreprises.
Le moins rassurant de tout cela est que plusieurs médias américains financiers ou généralistes (Wall Street Journal, CNBC, New York Times, etc.) sont allés demander aux professionnels des Dérivatives eux-mêmes ce qu’étaient les Dérivatives. Pas un seul n’a pu donner une définition satisfaisante et complète, et 80% des traders et banquiers interrogés ont avoué ne comprendre que 50% au mieux du fonctionnement des Dérivatives.
Dans ce contexte, le cheval fou s’est emballé. Et personne ne sait plus comment l’arrêter.
Peut-être faut-il demander son avis lors de sa sortie de prison à Gordon Gekko, le spéculateur « génial », cynique et fou des films Wall Street ; il a de l’expérience et il refait toujours surface.
Olivier Chazoule
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A FUTURE FOR DERIVATIVE
Among the tools of speculation the most popular and most dangerous are the Futures and the Derivatives. Yet, they are perfectly useful financial tools at the origin.
The Futures contracts are awarded on a future event. They were born among the Egyptians, have gained momentum among the Greeks, were developed in the Middle Age and then thrived. The principle is very simple: in certain trades or certain economic markets, it is impossible to predict will be the price of the commodity (wheat) or the raw material (natural gas) or metal (copper) when placed on these markets.
A farmer must sow seeds, grow, harvest, and only then sell them. Meanwhile he must feed his family, pay the seeds he buys, the fuel of the tractor. That is why he or his trader put on sale in the futures market for wheat in six months which has not grown yet. Then spoke to several agents including market speculators - the sense of the word not in her unfavorably - to inject liquidity into the market. Clearly, speculators will buy contracts for a value of 100, hoping that they will be worth 120 in six months. Other speculators will sell futures contracts of 100 they do not have yet, but they agree to buy before the expiry of six months.
So far so good. There is a human logic, economic and financial logic.
Besides the futures market is not only the wheat, but also that of almost all cereals, sugar, oil, minerals, etc... Commodities are the markets which trade on the Globex (international market operating 24 hours out of 24) and Chicago (CME, Chicago Mercantile Exchange), Paris, New York and Australia in particular.
For oil, the principle is the same: between drilling, pumping, transportation, refining and distributing it takes time and must be financed by investment sale transactions.
What is worse is when the market plays on futures that have little or no meaning. For example there is a very active futures market in New York Stock Exchange (NYSE), which is to buy contracts based on the opening price of the stock market. Investors will therefore play to guess what the value of the Dow Jones opening the market, 9:30 am New York time, an index based on 30 largest listed companies. They will play 12 hours before the opening, or 6 hours before, three hours before or even half an hour before the opening.
Usefulness?
If anyone has a clear idea, speak up now or be silent forever...
Risk?
Huge.
It only takes a news (financial, economic, social or political) late intervene (a positive or negative news or an event misinterpreted by the market players) which can lead to tens of millions of dollars burning in a few seconds.
The other major risk is the Derivatives. They are of the same nature as the futures, but simpler. That is to say free them of the excuse of having a useful economic role; they are simply products of speculation. Technically, they are contracts whose price are not that of a thing (in French legal sense) as an object, a thousand cars, a cargo of raw materials or containers of goods.
These are contracts whose values are based on values of existing things [or not]. But these things are values projected onto the future. These contracts have a value, own distinct value of the thing itself. They alleged value - or bet - that the thing will have in three days or six months. Like Futures, but a second degree. Contracts are on contracts. It does not vary over the supposed change of price, but on the variation of the variation.
This thickens when the objects of Derivative financial instruments are themselves carrying a certain amount of risk (equities, bonds, etc...), financial indices (aggregate values in variable amount and are therefore by definition hyper-volatile) or currency/currencies. In this case, foreign-currencies which are very volatile already are made exponentially more volatile.
It's like a couple a strobe oscilloscope. Already it is hard to follow the movements of the first, if we multiply the oscillations of one by the other ones we get a movement literally frantic
Some will argue that it is not pretty. Others say it is great to make money from nothing. Both sides could be right. But the problem is in the common sense test and facts show that it is difficult to build castles out of sand and make them last longer.
Derivatives are bets. Simply bets on real values and their fluctuations assumed or bets on bets. That is to say that we no longer content to play roulette. For example you bet on the time at which the dealer will yawn or waitress brings refreshments or the amount that players will lose between 11pm and midnight.
This may seem bewildering, it is. And it lasts for 50 years with sudden acceleration such as the famous speculation on sugar (Derivatives [contracts] as being part of Futures [sugar futures]) which gave the film Sugar decades ago and which made reference speculation on the markets in sugar futures. The Bourse de Commerce of Paris had a failed jump. Thousands of savers found themselves ruined.
All the recent financial scandals resulted in huge losses for European banks, American or Asian are based very closely and not far on Derivatives, their risks, and the fact that by dint of playing Russian roulette you lose your mind.
To make things worse and add to the thickness of the fog and confusion, are technically a form of Futures and Derivatives are a form of futures. Within the financial bouillabaisse you can find floating ideas and options.
Initially all these instruments have an economic function. Futures markets for the Future and Derivatives markets for certain futures like rice or for maintaining the fluidity of financial markets (a polite term for talk of hyper-speculation).
Swaps are used in international finance and international trade when it is covered by forward exchange transactions immediate future funding rate guaranteed.
With the Options you buy the right to sell [could] or buy the right to purchase [call] a financial instrument (usually a share of stock, but not limited to) a predetermined time in the future.
But again, speculation has turned these legitimate instruments for frantic search of profit.
The problem is not even there, because after all the unbridled pursuit of profit is a moral issue and thus far eluded the economy and finance.
This is not the case now, because the most profits are involved, but the huge losses stemming from erratic movements of the Futures and Derivatives. The amplitude and the amount of these swings have a balancing effect properly terrifying for the millions of people who, because of such speculation, lose their jobs, their savings, their home or all at once. These victims are not the speculators themselves, but bank employees who wipe losses. Companies will not find financing for their current operations or go bankrupt because of the almost total lack of market liquidity financial (bonds, conventional loans) which makes it very difficult or impossible loans to small and medium enterprises.
The least of it is reassuring that several American media or general financial (Wall Street Journal, CNBC, NY Times, etc.) went to ask Derivatives professionals what are the Derivatives. No one could give a complete and satisfactory definition, and 80% of traders and bankers surveyed admitted that they did understand only 50% at best of the functioning of Derivatives.
In this context, the raging bull was cut loose. And nobody knows how to stop it.
Perhaps, when he’s released from prison, we should ask Gordon Gekko, the famous character in the Wall Street movies, his opinion on how to solve the crisis. After all, Gordon the brilliant, cynical and crazy speculator has an extensive experience and always re-surfaces.
Olivier Chazoule