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Thursday, June 21, 2012

L’été de tous les dangers

L’orage financier international s’approche et les nuages se font menaçants.


Moody’s vient de rétrograder 15 banques internationales.
Le séisme a commencé à toucher la marche américaine de Wall Street jeudi en fin d’après-midi et la vague devrait toucher les autres marchés.

Christine Lagarde souhaite l’Union fiscale de l’Union Européenne.

L’Espagne emprunte pour 10 ans à plus de 7%.

La Grèce vient de confirmer son attachement à l’Europe, ou plutôt à l’Euro, ou plus exactement et surtout légitimement à se sauver de la banqueroute.

L’Italie ayant observé que l’Espagne obtient 125 milliards d’Euros de l’Union Européenne en l’espace d’un week end et que la Grèce obtient la renégociation de sa dette sans le dire, réclame à son tour qu’on s’intéresse à elle. En termes financiers, cela veut dire que l’Italie appelle au secours l’Union Européenne pour lui donner beaucoup d’argent.

L’Irlande constatant que de nouvelles conditions sont consenties aux pays précités voit opportunément sa Cour de justice décider il y a quelques jours de la nécessaire approbation par l'Irlande des packages de secours financiers européens en question, ce qui une manière polie sinon habile de redemander plus d'argent européen à de meilleures conditions pour l’Irlande elle-même. Si l’Union  Européenne ne paie pas l’Irlande, l’Irlande interdit à l’Europe d’aider les autres pays.

Même José Manuel Barosso, le Président de la Commission Européenne, qui en a vu beaucoup d’autres à Bruxelles et au Portugal, a été surpris de l’audace de l’Irlande.

Mardi, la Slovénie se souvient que ses banques ne sont pas en bon état et prend sa place dans la queue des demandeurs de l’aide européenne.

Entretemps, les promoteurs zélés de l’orthodoxie bancaire fixée dans les règles internationales de Basel III, dont les dirigeants du Fonds Monétaire International, ont mis 8 mois à comprendre ce que la Banque Populaire de Chine avait compris, digéré, décidé et mis en œuvre en Octobre 2011, à savoir la relâche des contraintes de réserves en capital des banques (au lieu de leur contraction suicidaire) permettant une libération partielle et opportune du crédit.

La Banque Centrale Européenne qui sait que son engagement financier risqué en Grèce est deux fois supérieur au montant de son propre capital pourrait reprendre à son compte cette phrase humoristique (humoristique pour Astérix, pas pour la BCE) de Goscinny dans Astérix et les Goths : ton sort ne tient qu’a un fil, Téléferic… {À temps étranges, citations et références inhabituelles et surprenantes}

Alors, la BCE à court d'argent se tourne vers l’Allemagne qui étourdie et inquiète de tant de sollicitations financières se tourne à son tour vers le G20 qui se défausse sur le FMI.

Alors que se conclut le G20 au Brésil, FMI reçoit fort opportunément mercredi près de 500 nouveaux milliards de dollars en provenance de la Chine, de l’Inde, du Brésil, du Mexique, et d'autres pays dits émergents, qui désormais sont des pays que l’ont peut qualifier d’émergés, surtout si on considère le naufrage actuel des pays dits développés.
On rappellera en passant que le PIB dudit Brésil a dépassé celui de l’Italie et de l’Angleterre et talonne celui de la France.

Le FMI, ravie de tant de faveurs, et avant de se tourner vers l’Europe pour disperser les fonds tout récemment engrangés, se tourne alors vers la FED qui répond qu’elle va continuer à Twister (SIC).

« Twist again » affirme Bern Bernanke, le patron de la FED, dans une conférence de presse il y a deux jours. Les marchés financiers restent impassibles. Wall Street s’impatiente

Quelle leçon faut-il tirer de tout cela ?

Que c'est l’été.

Et que se passe-t-il en général pendant l’été ?

C’est simple : on fait passer les pilules les plus amères pendant l’été. Quand les consommateurs, citoyens et contribuables sont en vacances. C’est aussi l’été que les marchés et les Etats traduisent les chocs financiers les plus violents (chocs fiscaux, abandon de l’étalon or, dévaluations, subprimes, Lehman Brothers, AIG, etc.)

C’est pratique, car tout le monde est en vacances et personne ne voit rien venir…

Alors, cet été 2012 sera-t-il chaud ?

Aujourd’hui, à Wall Street il fait 37 degrés à l’ombre


Olivier Chazoule

Sunday, June 3, 2012

Il faut raison garder


Allons-nous vers une maitrise concertée de la réglementation juridique financière internationale ?

La récente chute de l’Euro et la crise de la dette souveraine rappellent la crise Lehman de 2008 suivant le crash de 2007. Cette période fut suivie notamment du Dodd Franck Act et de la Volcker Rule.

Il est probable que les événements récents relatifs à l’Europe et notamment la Grèce, l’Espagne, l’Italie, l’Irlande et le Portugal, déjà accompagnés d’une série de directives européennes en préparation accélérée connaitra une semblable série de légalisations régionales et internationales restrictives pour les pratiques de marché.

La SEC (Securites & Echange Commission de Washington), la Commission Européenne, mais aussi les autorités chinoises de marchés et de régulation de la concurrence travaillent déjà à de telles reformes.

Ces mouvements législatifs réglementaires de compliance ou d’accords internationaux peuvent jouer dans des sens différents.

Ils sont souvent l’expression d’une volonté de supprimer des excès. Mais leur tradition concret est parfois imparfaite dans la rédaction juridique (cf. The Sarbanes Oxley Act Of US Congress après le scandale Enron).

Tous les avis concurrents et contradictoires sont donnés : trop de législation tue la législation ; en absence de législation adéquate est le chaos ; il faudrait une coordination généralisée des législations internationales ; il est impossible d’harmoniser toutes les règles nationales et régionales dans une législation internationale articulée, intégrée ou non, etc.

En réalité, personne n’en sait rien car dans le chaos financier d’aujourd’hui la réglementation est parfois conséquence, rarement cause, des événements.

On ne peut être sûr que « faire du Keynes » dans les circonstances actuelles de la dette souveraine et de la volatilité des marchés serait une solution viable.

Mais on ne peut que commenter que « faire de l’anti-Keynes » dans les circonstances actuelles, c’est-à-dire engager une contraction monétaire ou budgétaire excessive et pénalisante, ou toute législation aboutissant à un résultat équivalent aurait des conséquences dramatiques sur l’économie et les marchés.

Alors, plus que jamais, la prudence en matière d’édiction de règles juridiques financières est souhaitable pour éviter les contractions contra-cycliques.

Comme le disait un grand éditorialiste du quotidien Le Monde, encore et toujours :

Il faut raison garder

Olivier Chazoule